L’engagement des élèves est fortement lié à leur rendement scolaire. Mais qu’en est-il en temps de pandémie? Combinant enseignement à distance et en présentiel, quelles sont les pratiques pédagogiques qui ont été modifiées et celles qui suscitent le mieux l’engagement des élèves?
Que change la pandémie aux interactions en classe?
La proximité physique constitue une des interventions privilégiées en enseignement pour établir et maintenir la relation avec les élèves, diriger discrètement leur attention ou s’assurer que les élèves ne présentent pas de difficulté. Dans le contexte actuel, personnel enseignant et élèves réalisent quotidiennement à quel point la proximité physique est une part essentielle de l’enseignement et de la socialisation en milieu scolaire.
Au préscolaire et au primaire, le contact physique avec l’enfant était monnaie courante pour apaiser, réconforter et rassurer. Certaines personnes enseignantes se disent déchirées d’avoir à dire aux élèves que ce n’est plus permis sans équipement, puisqu’ils doivent maintenir une distance pour la sécurité de tous. Elles ont l’impression de ne plus être en mesure de répondre aux besoins des élèves.
Les changements dans les interactions en classe ont aussi provoqué une baisse significative de l’enthousiasme, autant chez les adultes et les jeunes, intensifiée notamment par l’enseignement à distance. Le personnel enseignant rapporte une baisse de l’efficacité de l’aide opportune offerte aux élèves, en plus d’une limite importante, lors de l’enseignement à distance, à solliciter et intégrer les idées des élèves. Au printemps 2020, les élèves étaient moins engagés. Les sondages menés à l’automne 2020 mettent de l’avant les difficultés logistiques liées aux bulles-classes, au port du masque et à l’éducation à distance. En général, le personnel enseignant perçoit un alourdissement de la tâche et une difficulté marquée à répondre aux besoins des élèves, et ce, du préscolaire au secondaire. De plus, les changements de locaux modifient considérablement le modèle du secondaire et empêchent les membres du personnel enseignant de répondre aux questions entre les cours.
Y a-t-il du bon dans tout ça?
La pandémie a permis à plusieurs de réaliser et d’exprimer que « chaque jour en présentiel est un privilège ». Certains aspects positifs incluent les rétroactions plus fréquentes qu’offrent les personnes enseignantes à leurs élèves. D’autres façons d’établir et de maintenir la relation avec l’élève sont utilisées, par exemple le bonjour personnalisé, les félicitations, les courriels, l’humour, les mots doux et les sourires. Enseignantes, enseignants et élèves constatent dorénavant davantage les bénéfices de l’interaction en classe, ce qui favorise un engagement accru.
Comment le personnel enseignant favorise-t-il l’engagement?
Susciter l’engagement des élèves a toujours représenté un défi. La pandémie, en ébranlant le modèle de l’éducation tel que nous le connaissions, a ébranlé le personnel enseignant, qui se retrouve maintenant confronté à une nouvelle réalité. Malgré ce contexte, les enseignantes et les enseignants expriment le désir de relever le défi, même en contexte de classe virtuelle. Aucune variable scolaire n’a plus d’influence sur le rendement et l’engagement des élèves que la qualité de l’enseignement (Hanushek, 2011). Les interactions, qui résultent à la fois des pratiques pédagogiques des personnes enseignantes et de l’engagement des élèves, doivent être repensées. L’enseignement en présence offre des possibilités d’interaction parfois difficiles à reproduire à distance. Hamre et ses collaborateurs (2012) ont démontré que l’engagement des élèves relève de trois domaines d’interactions : le soutien émotionnel, le soutien pédagogique et l’organisation de la classe. Les enseignantes et les enseignants semblent rapidement avoir trouvé quelques voies pour assurer un soutien émotionnel pour l’élève et favoriser son engagement malgré l’absence de proximité. En mode virtuel, établir des relations positives est primordial.
Comment les parents peuvent-ils soutenir l’engagement?
Développer l’autonomie des élèves en leur permettant de prendre des initiatives lors des classes virtuelles peut se faire autant de la part du parent que du personnel enseignant. La communication entre l’école et la maison et les discussions avec l’enfant pourraient permettre au parent de savoir si ses besoins sont comblés ou s’il y a lieu de le soutenir davantage. Être présent compte.
Un an plus tard, que peut-on anticiper pour la suite?
Puisque la seule certitude demeure l’incertitude en ces temps de pandémie, la fin de l’année scolaire 2020-2021 apportera assurément son lot de hauts et de bas dans le monde de l’éducation. Nous poursuivrons notre étude pour sonder le personnel enseignant, les élèves et leurs parents pour savoir comment la pandémie et toutes ses répercussions affectent l’engagement scolaire des élèves.
Si vous souhaitez participer à cette étude, rendez-vous sur le site de la Fondation Jasmin Roy et Sophie Desmarais.
Source :
Anne Lessard, Ph.D.
Catherine Fortin, étudiante M. A.
Véronique Rémy, étudiante M. A.
Université de Sherbrooke
Étude financée par la Fondation Jasmin Roy et Sophie Desmarais
Références :
Hanushek, E. A. (2011). The economic value of higher teacher quality. Economics of Education Review, 30(3), 466-479
Pianta, R., Hamre, B.K. et Mintz, S. (2012). Classroom Assessment Scoring System. Secondary Manuel. Teachstone.